Notre Eglise locale
​Historique
Extraits de la présentation par Colette Chassine lors du synode 2012 à Barbezieux
D’après « Histoire des protestants charentais »
Ed : Le Croît vif ; 2001
La réforme va pénétrer en Angoumois vers les années 1530 : A l’époque le vieux château féodal d’Angoulême (actuel hôtel de ville revu et corrigé largement à la fin du XIXéme Siècle) abritait alors Marguerite d’Angoulême, sœur du roi de France, François 1er. Écrivain, érudite, elle était convaincue de la nécessité de réformer l’Église catholique romaine et ouverte aux idées nouvelles de la Réforme protestante.
Ce contexte explique sans doute l’arrivée en 1533 de Jean Calvin à Angoulême. Ami de Nicolas Cop, nouveau recteur de l’université de Paris, il lui aurait inspiré probablement son discours de rentrée universitaire du 12 novembre 1533, dans lequel étaient affirmées les valeurs de la Grâce et la justification par la Foi Seule : « Dieu qui engendre en tous par sa Parole, la Foi, l’Espérance et la Charité, nous attire par sa Grâce », disait-il.
Du fait de l’hostilité des autorités religieuses de l’époque, Nicolas Cop se réfugie à Bâle et Calvin dans les terres de Marguerite d’Angoulême. Il y fut hébergé notamment par son ami de collège Louis du Tillet, chanoine de la Cathédrale St Pierre à proximité du château ducal ; une rue dans ce quartier a été nommée rue de Genève et une plaque rappelle ce souvenir.
Son séjour en Angoumois fut particulièrement important pour Jean Calvin. Il lui permit de découvrir de nouveaux exemples prouvant la nécessité de réformer l’Église. Il organise des réunions dans les alentours et notamment au sud, près de Mouthiers, dans un lieu isolé de la campagne près d’une grotte et d’un rocher en forme de siège, surmonté d’un abat voix, d’où le nom donné encore aujourd’hui à cet endroit : « la chaire à Calvin ». C’est à Angoulême qu’il rédige une partie majeure de son œuvre : « L’institution Chrétienne » qui sera publiée en 1535 à Bâle. L’un de ses adversaires dira même : « Angoulême fut la forge où ce nouveau Vulcain bâtit sur l’enclume les estranges opinions qu’il a depuis publiées ». D’Angoulême, il part pour Bâle en janvier 1535.
Plus tard l’Angoumois est traversé par les troupes protestantes lors des guerres de religion (1559 et 1570). Les armées de Coligny occupent Angoulême, et à cette occasion, l’actuelle chapelle de l’hôpital de Beaulieu devient Temple protestant de 1568 à 1570. D’autres lieux témoignent de l’expansion de la Réforme :
- Confolens, où se réfugient les protestants persécutés dans le diocèse de Limoges.
- La Rochefoucault, dont le duc François III choisit la Réforme.
- Villefagnan, aux confins du Poitou, où un médecin érudit Pascal le Coq fait bâtir un Temple en 1614. Cette communauté protestante toujours bien vivante aujourd’hui connaît à l’époque un développement considérable qui en fera « une petite Genève sur les confins de l’Angoumois et du Poitou ».
Après les conflits armés, viendra le temps de l’apaisement temporaire avec l’Edit de Nantes du 13 avril 1598. Contrairement à Cognac, Angoulême est restée catholique ; les fidèles catholiques romains et les réformés vivant en bonne intelligence relative, tout en demeurant nettement séparés.
En octobre 1685, à la révocation de l’Edit de Nantes par le roi Louis XIV, la terreur instaurée est à l’origine de départs massifs, particulièrement dans cette région. La résistance s’organise aussi et des lieux isolés en pleine campagne témoignent encore aujourd’hui de la tenue « d’assemblées du Désert », par exemple aux alentours de Villefagnan.
Au cours du XIXème Siècle, cette région fut marquée par l’influence du « Réveil » avec Napoléon Roussel et Jean-Louis Benignus et ses Temples progressivement reconstruits, tels ceux de Mansle et d’Angoulême.
L’historien Jean-Claude Ribagnac à la fin de l’ouvrage collectif « Histoire des protestants charentais », coordonné par Mme Denise Bellanger (longtemps membre du Conseil Presbytéral de l’ERCA) observe que sous son ciel rempli d’étoiles, « le protestant charentais redresse la tête et demande à son Dieu de poursuivre avec ténacité et vérité son droit chemin ».
Voir aussi http://start5g.ovh.net/~erfouest/web/article.php3?id_article=121
​Territoire géographique
L’Église Protestante Unie Angoulême Nord Charente, s’étend globalement sur la moitié Nord du Département de la Charente à partir d’une vingtaine de km au sud et à l’ouest d’Angoulême.
Angoulême juchée sur son plateau appelé « balcon du sud ouest », regarde ainsi alentour, vers l’Est, jusqu ‘au confins du Limousin à travers des lieux résonnant d’un passé protestant fort, tel La Rochefoucauld ou Confolens, jusqu’aux confins du Poitou, traversant Mansle, Villefagnan ou Ruffec qui ne résonnent pas moins de l’élan de la Réforme.
Notre paroisse s’étend sur 70 km vers l’Est et 60 km vers le Nord. Le nombre de familles connues est d’environ 250. 4 temples existent aujourd’hui mais à la fin du XIXième Siècle, on en dénombrait une dizaine ; une paroisse disséminée, mais aussi une paroisse marquée encore par une ruralité importante, qui lui donne à travers ses champs, ses vignes et ses bois, un aspect verdoyant, coloré et détendant, tout cela fréquemment inondé de soleil.